Les potiers
de Ger se structurent en confrérie dès le Moyen Âge. Cette communauté, qui a
compté jusqu’à une trentaine de villages potiers, s’organise sur le plan
technique, commercial et social afin d’exploiter les ressources naturelles du
Domfrontais et du Mortainais.
Les potiers utilisent le bois de l’immense forêt de la
Lande-Pourrie afin de cuire une argile locale exceptionnelle. Des
pots en grès parfaitement imperméables pour conserver les aliments sont
produits par centaines de milliers au XVIIIe siècle. Ces récipients
sont indispensables pour soutenir l’industrie et le commerce du lait, de la
crème et du beurre normands, dans tout l’ouest de la France et jusqu’au Nouveau
Monde.
Aux côtés
d’autres centres potiers du pays de Bray, du Bessin et du Cotentin (Néhou,
Saussemesnil et Vindefontaine), les potiers de Ger développent
une industrie rurale très active et très performante, permettant à une
population importante de vivre jusqu’à la fin du XIXe siècle dans le
Sud-Manche tout en développant son économie.
Objet banal
du quotidien, produit pour un usage très utilitaire, le pot est indispensable
pour conserver, cuisiner, manger et boire, laver, soigner, éclairer,
ranger ; parfois pour écrire, prier ou s’amuser. Concurrencés par de
nouveaux matériaux (fer puis plastique), ces contenants omniprésents, ont
laissé la place à des produits touristiques décoratifs au début du XXe
siècle.
Le hameau potier du Placître
Le musée de
la céramique - centre de création regroupe une dizaine de bâtiments construits entre les XVIe et XIXesiècles par les
familles Veron et Esneu, comme l’attestent certains linteaux gravés.
Les vestiges
de trois anciens fours présentent les caractéristiques qui firent l’originalité
des fours de Ger : un four tunnel surmonté dans sa partie arrière d’une ou
deux chambres de cuisson faisant office de cheminée. L’un d’eux,
qu’Eugène Legrain son dernier propriétaire a fait fonctionner pour la dernière
fois en 1919, a été reconstitué d’après une carte postale du début du XXe siècle.
En 1985, sous
l’impulsion de Francine Aguiton, avec le soutien de son mari Pierre, se crée
« l’Association des amis de la poterie de Ger » qui s’engage dans un
travail permettant « l’étude, la restauration
et la conservation du patrimoine potier », afin qu’à terme puisse se
créer un
« musée de la poterie normande ». Pendant une dizaine
d’année, le travail réalisé, avec l’appui du Conseil général, est
considérable : fouilles archéologiques des fours, constitution d’une collection
de poteries utilitaires normandes, acquisition puis restauration de l’ancien
village.
Depuis 2015,
une nouvelle dynamique s’est engagée. L’association se compose de familles
d’anciens potiers, de collectionneurs, de scientifiques et d’historiens ou tout
simplement d’amateurs du patrimoine. Une convention de partenariat a été signée
avec le Conseil départemental, propriétaire et gestionnaire du musée, afin que
l’association participe à la vie du Musée de la céramique - centre de création. L’association
est à l’origine du site internet collaboratif https://ceramique-traditionnelle-en-normandie.fr