Le dérèglement climatique en Normandie
Le dérèglement climatique est un phénomène ambivalent : il transcende les frontières nationales tout en impactant notre quotidien à l’échelle locale. Ses effets déjà palpables aujourd’hui seront amenés à s’intensifier et la Normandie – territoire au climat océanique et tempéré marqué par des précipitations en toutes saisons et une amplitude thermique relativement faible – ne dérogera pas à la norme. Alors que le dérèglement climatique s’inscrit de manière indéniable dans notre quotidien, les travaux du GIEC normand dévoilent les conséquences de ce phénomène en Normandie à l’horizon 2100.
Les travaux du GIEC Normand : un outil pour s’informer et sensibiliser sur les conséquences du dérèglement climatique en Normandie.
Comment le dérèglement climatique se traduit-il, quelles sont les tendances futures en Normandie et plus particulièrement dans notre territoire manchois, comment diffuser ces informations pour embarquer tous les citoyens et parties prenantes dans des trajectoires de changement ?
En réponse à ces interrogations a été créé en 2019 le GIEC Normand. Le GIEC Normand est un groupe d’experts issus majoritairement des trois universités normandes – Université de Caen, Université de Rouen et Université du Havre – étudiant le climat et son évolution. Il a pour objectif de traduire à l’échelle locale les prévisions du GIEC international (IPCC) sur les conséquences du dérèglement climatique, en croisant ces données avec les travaux scientifiques locaux existants.
De janvier à décembre 2020, nos experts ont établi un diagnostic des effets du dérèglement climatique en Normandie. Diffusés aux citoyens et aux parties prenantes, ces travaux ont pour objectif :
- D’informer et sensibiliser acteurs, décideurs et population du territoire normand aux effets concrets du dérèglement climatique
- De mieux préparer collectivement le territoire et les politiques publiques et privées au dérèglement climatique, en faisant en sorte que chacun puisse agir pour s’adapter ou atténuer leurs effets.
« D’ici 2050, le niveau de la mer pourrait s’élever de 30 centimètres à Cherbourg (Manche) ». (©Jean-Paul BARBIER/La Presse de la Manche)
Des conséquences concrètes en Normandie et dans la Manche
Le diagnostic du GIEC normand a été divisé en neuf domaines d’étude : changement climatique et aléas météorologiques ; qualité de l’air ; eau ; biodiversité ; sols et agriculture ; systèmes côtiers ; pêche et conchyliculture ; territoires ; santé.
En 2021, l’Agence Normande de la Biodiversité et du Développement Durable (ANBDD) a contribué à la rédaction de huit « ultrasynthèses » à partir de ces travaux thématiques. Ce corpus de documents de synthèse permet de dresser un panorama complet des conséquences concrètes du dérèglement climatique dans notre région à l’horizon 2100.
Retrouvez toutes les informations sur le site de l’Agence normande de la biodiversité et du développement durable
Changement climatique et aléas météorologiques
Selon nos experts, en 2100, la température moyenne en Normandie pourrait atteindre 3,5°C si aucune politique n’est mise en place. On assistera à une augmentation importante de la fréquence des jours de chaleur et très fortes chaleurs, une élévation du niveau marin ainsi qu’une diminution globale des régimes de précipitations (précipitations qui seront en revanche plus intenses notamment durant l’hiver). Les phénomènes de tempêtes et de précipitations extrêmes couplés à une élévation du niveau marin – auxquels la Manche est fortement exposée – auront des conséquences sur le territoire à travers des inondations, le recul du trait de côte et la salinisation des cours d’eau.)
Transcription de la vidéo
[Musique]
le changement climatique est une réalité
en normandie depuis les années 1980 la
température augmente les jours de
chaleur se succèdent les gelées se font
plus rares tout comme la neige et le
brouillard
qu’en sera-t-il en 2100 pour nous qui
vivons en normandie
le giec normand nous apporte des
éléments de réponse l’élévation de la
température moyenne en normandie
pourrait dépasser 3 5 degrés avec
notamment une augmentation importante de
la fréquence des jours de chaleur plus
de 25 degrés au plus chaud de la journée
nous pourrions ainsi avoir jusqu’à 30
jours de canicule par an à l’horizon
2100 le littoral serait a priori un peu
moins rapidement et intensément touchés
par ces élévations de température que
l’intérieur des terres par exemple le
nord du cotentin serait particulièrement
à l’écart de l’implantation des
températures alors que le fond de baie
de la scène ils seraient plus sensibles
les scénarios convergent vers une
diminution des pluies avec des été très
sec et des saisons ponctuées par des
épisodes de précipitations intenses
concrètement l’ouest de la normandie
serait le plus touché avec un déficit
atteignant jusqu’à 15% du coût danser à
l’avant champ et une partie du bocage
normand
mais aussi plus ponctuellement de part
et d’autre de la partie aval de l’orne
les plaines autour d’evreux et de caen
atteindraient des niveaux
remarquablement bas souvent inférieur à
600 mm par an l’élévation du niveau
moyen de la mer pourrait s’accentuer
pour atteindre +0 4 à plus 1,1 m à
l’horizon 2100 l’évolution des aléas
météorologiques de type tempête et
précipitations extrêmes
couplé avec l’élévation du niveau marin
aura des conséquences importantes sur
l’évolution du littoral normand avec
notamment des inondations et le recul du
trait de côte
qu’il s’agisse de l’augmentation des
températures de l’élévation du niveau
marin ou de l’évolution des
précipitations
il est encore possible de contenir
l’impact des changements climatiques sur
notre territoire
en appliquant dès à présent la corde
paris visant à réduire la quantité de
gaz à effet de serre
Ressource en eau
Les études du GIEC normand ont montré que le dérèglement climatique aura des impacts sur nos ressources en eau, tant sur les aspects qualitatifs que quantitatifs : réduction du débit des cours d’eau, baisse importante de la recharge des nappes phréatiques, pollution des eaux, élévation du niveau de la mer, salinisation des cours d’eau, crues de rivières…
La Vire en crue au lendemain de la tempête Ciaran, à Saint-Lô, empêchant l’accès au chemin de halage pour rejoindre Condé-sur-Vire puis les Roches de Ham.
Crédit photo : DDaguier – CD50
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Biodiversité
La Normandie est un territoire bénéficiant d’une remarquable richesse de milieux abritant une grande variété d’espèces animales, végétales, microbiennes et fongiques qui seront d’autant plus affectées par les dérèglements climatiques en raison d’une modification de la répartition géographique des espèces et des interactions entre organismes, d’une perturbation des cycles de reproduction d’espèces, de la disparition de certains milieux, etc. Par exemple, 21% des espèces de mammifères recensées en Normandie étaient menacées en 2022. Ce chiffre s’élève à 55% pour les espèces d’amphibiens, dont certaines sont mêmes éteintes régionalement selon une liste rouge publiée par l’ANBDD . Ces changements, perturbations, voire extinctions contribueront à dérégler le fonctionnement et les équilibres des écosystèmes et affecteront par conséquent l’espèce humaine, qui se repose en grande partie sur les services écosystémiques pour vivre.
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Sol, agronomie et agriculture
Le dérèglement climatique contribue à dégrader la ressource sol à travers des phénomènes d’érosion, des coulées de boue, qui affectent par conséquent le secteur agricole, une activité pourtant majeure en Normandie.
Le dérèglement climatique contribue à dégrader la ressource sol à travers des phénomènes d’érosion, des coulées de boue, qui affectent par conséquent le secteur agricole, une activité pourtant majeure en Normandie.
Découvrir l’ultrasynthèse du GIEC Normand sur le Sol, l’agronomie et l’agriculture
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Pêche et conchyliculture
La pêche maritime et la culture de coquillages constituent un enjeu majeur pour la Normandie, respectivement deuxième et première région dans les secteurs d’activités. Pourtant, le dérèglement climatique – qui se traduit dans les écosystèmes marins par une acidification des océans ou une hausse de la température de l’eau – pourrait bien menacer la baisse de la production marine et le potentiel de capture. Bulot, hareng, maquereau, ou plie : ces espèces tempérées à froides se situent en limite sud de leur aire de répartition, et leur nombre pourrait chuter drastiquement à l’horizon 2100 alors même que la demande en poissons et coquillages ne fait qu’augmenter.
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SYSTEMES COTIERS : RISQUES NATURELS ET RESTAURATION DES ECOSYSTEMES
La région Normandie se distingue par son littoral s’étendant sur plus de 600 kilomètres, conférant ainsi à son territoire une forte vulnérabilité aux phénomènes côtiers, dont l’intensification persistante résulte du dérèglement climatique. La conjonction du recul du trait de côte et de l’élévation du niveau de la mer accroît les risques de submersion marine qui menacent de plus en plus les constructions et activités agricoles. L’élévation du niveau marin a également un impact dans les terres en favorisant les inondations par remontées de nappes phréatiques.
A l’avenir, ces phénomènes pourraient être exacerbés par la fonte des glaces polaires et par la dilatation thermique de l’eau – permises par le réchauffement climatique et dont on estime qu’elles pourraient élever de 1 à 3 mètres le niveau de la mer à l’horizon 2100 – rendant encore plus vulnérables des territoires comme la Manche.
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Qualité de l’air
Troisième cause de mortalité après l’alcoolisme et le tabagisme, la pollution atmosphérique due aux activités humaines, à l’origine d’environ 48 000 décès en France, devrait s’aggraver avec le dérèglement climatique à travers l’augmentation des jours de chaleur et canicules. En Normandie, les concentrations d’ozone – un des polluants les plus toxiques – ont augmenté de 8 à 26% sur les 10 dernières années. Or, les particules fines, reconnues comme cancérigènes, favorisent les pathologies cardiovasculaires et respiratoires, voire des décès.
Découvrir l’ultrasynthèse du GIEC Normand sur la qualité de l’air